Le sac de dame, un carré VIP

Quelle que soit sa forme, le sac est depuis le XXe siècle l’indéfectible compagnon des femmes. « On y met tout et n’importe quoi, le futile comme l’essentiel », résume le sociologue Jean-Claude Kaufmann dans Le Sac. Un petit monde d’amour (JC Lattès, 2011). « Loin d’être un objet ordinaire ou un simple accessoire de mode, [il] est un univers sacré aux lois mystérieuses », poursuit-il, voire un « véritable reflet de soi (…) qui recèle des trésors insoupçonnés, témoignant de nos angoisses et de nos désirs ».
C’est d’ailleurs parce qu’elles désiraient un accessoire solide et pratique que les femmes des années 1930, plus actives que leurs prédécesseures, ont adopté un sac à main aux lignes géométriques. Plus rigide que les bourses souples jusqu’alors plébiscitées, et surtout plus spacieux, ce modèle offrait suffisamment de compartiments et de poches intérieures pour ranger tous leurs effets.
Près de deux décennies plus tard, l’avènement d’une silhouette féminine très structurée, incarnée entre autres par le New Look de Christian Dior, achève de porter aux nues ce que l’on appellera par la suite le sac « de dame » – ou lady like chez nos voisins anglo-saxons.
Symbole d’une certaine sophistication, souvent taillé dans un cuir épais des plus luxueux, ce dernier devient très vite l’apanage des grandes de ce monde. Première dame (Jackie Kennedy), actrice en vogue (Audrey Hepburn) ou princesse (Grace Kelly) sont rarement vues sans ledit accessoire, porté au creux du bras. Diana, elle, donne carrément son nom à un modèle signé Dior, baptisé à l’origine Chouchou.
Né en 1994 dans les ateliers de la maison française, il prend le nom de Lady Dior, un an plus tard, lorsque Bernadette Chirac, alors première dame, offre l’une de ses déclinaisons à la princesse de Galles, de passage à Paris pour l’inauguration d’une exposition consacrée à Cézanne.
Aujourd’hui, avec l’avènement du quiet luxury – cette mode « discrète » faisant la part belle aux matières luxueuses et aux coupes minimalistes, loin des modèles tapageurs des années 2000 –, le sac de dame a repris du galon, retrouvant son statut de it-bag. Les icônes qui le portent ont peut-être changé, mais les codes, eux, n’ont pas bougé. A peine se pare-t-il de couleurs plus pop ou de quelques ornements, pour ne pas complètement s’affranchir des us de son temps.
Margaux Krehl
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